Les changements climatiques et leur impact sur nos hivers canadiens

Qu’est-ce que le changement climatique?
Tout d’abord, une petite précision : le climat et la météo sont liés, mais ce sont deux choses différentes. La météo se vit sur du court terme. Il s’agit du temps qu’il fait, au jour le jour, dans une région donnée. Le climat fait plutôt référence à des modèles plus étendus et à long terme de la météo et de l’atmosphère.
Le changement climatique fait référence à tout changement du climat au fil du temps. Le dioxyde de carbone et les autres gaz à effet de serre, comme leur nom l’indique, agissent normalement pour la planète comme le ferait une serre. À des niveaux normaux, ils empêchent la chaleur naturelle de la surface de la Terre de s’échapper dans l’espace. Sans cette protection, la planète serait trop froide pour la vie telle que nous la connaissons.
Le changement climatique se produit lorsque les concentrations de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre augmentent. Ils retiennent alors davantage la chaleur du soleil, ce qui entraîne une augmentation des températures à la surface de la planète. Cela entraîne des changements dans les modèles climatiques et météorologiques.
Comment le changement climatique affectera-t-il les hivers canadiens?
Les changements climatiques ont entraîné une augmentation des températures moyennes dans le monde entier. On note cependant que le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète.
Depuis 1948, les températures moyennes annuelles au Canada ont augmenté de 1,7 °C dans le sud du pays, de 2,3 °C dans le nord et de 4 °C dans les régions arctiques.
Si 4 °C ne semble pas être une augmentation énorme, il faut savoir qu’il a fallu 12 000 ans, à partir de la dernière période glaciaire, pour que les températures moyennes augmentent de 4 °C. On parle ici d’une augmentation de 4 °C au cours des 75 dernières années seulement.
Vous rêvez d’un Noël blanc?
Il y a toujours eu des endroits au Canada où la neige se fait rare en décembre, comme par exemple la côte sud de la Colombie-Britannique. Toutefois, les villes traditionnellement enneigées sont de plus en plus souvent témoins de vacances de Noël sans neige au fur et à mesure que le climat se réchauffe.
Dans certaines régions du Canada, nous assistons à des Noëls plus verts et, même lorsqu’il neige, les quantités ne sont pas celles auxquelles nous étions habitués dans le passé.
% de Noëls blancs pour quelques villes canadiennes :
Ville | Entre 1960-1984 | Entre 1996-2021 |
Charlottetown | 92% | 52% |
Fredericton | 88% | 44% |
Sarnia | 84% | 36% |
London | 80% | 48% |
Medicine Hat | 72% | 52% |
Kelowna | 76% | 56% |
Même si nos attentes sont désormais moins élevées quant à un Noël blanc, lorsqu’il neige avant le 25 décembre, les quantités de précipitations reçues sont souvent faibles. À titre d’exemple, dans les villes où l’on recevait habituellement 16 cm de neige dans les années 1970, nous n’en voyons plus que 10 aujourd’hui.
Comment les changements climatiques affectent nos sports et activités d’hiver
Nos hivers commencent plus tard et se terminent plus tôt. Avec ces tendances au réchauffement, nous voyons plus de pluie et de pluie verglaçante, et moins de chutes de neige. Il est de plus en plus difficile de conserver sur de longues périodes la glace et la neige à la surface.
L’impact est considérable sur la pratique de nombreuses activités hivernales telles que le hockey et le patinage sur glace, le ski alpin et le ski de fond, la raquette, la motoneige, etc.
Le célèbre canal Rideau, la plus grande patinoire extérieure au monde, n’a été ouvert que 41 jours en 2022. Il n’a pas été ouvert en 2023 et, en 2024, il n’a été ouvert que 10 jours.
Les municipalités ont du mal à justifier les ressources nécessaires à la préparation et à l’entretien des patinoires extérieures. Il faut trois jours consécutifs de grand froid pour que la glace de base se forme, suivis d’une période froide qui gardera la surface acceptable. Si les températures montent au-dessus de zéro et que des précipitations viennent s’ajouter, vous pouvez deviner les résultats. Dans la région de Montréal l’an dernier, seulement 40 % des patinoires extérieures ont pu être utilisées au milieu de l’hiver.
L’industrie du ski alpin doit faire face à une augmentation de la production de neige artificielle, à des saisons plus courtes et variables, et à la réduction du nombre de pistes skiables. La production de neige artificielle coûte cher. Ajoutez à cela moins de journées au cours desquelles on peut pratiquer ce sport, et moins de stations ouvertes. On doit s’attendre inévitablement à une hausse de prix pour les différents forfaits. Pire encore, on prévoit que les stations de ski de basse altitude pourraient ne pas survivre au cours des prochaines décennies.
Récemment, les sentiers de motoneige du sud du Canada avaient une base de neige moindre et moins de jours durant lesquels les pistes étaient praticables. Cela a amené de nombreuses personnes à envisager de vendre leur motoneige étant donné qu’il devient de plus en plus difficile de justifier le coût de l’équipement, du carburant, de l’assurance, des frais de sentier et des vêtements.
Que deviennent les routes de glace
Les routes de glace hivernales sont généralement en fonction de janvier à mars. Elles représentent un moyen d’accès essentiel pour les communautés des Premières Nations vivant en régions éloignées.
Ces communautés dépendent de ces routes pour le transport économique des approvisionnements pendant les mois d'hiver. Le réchauffement climatique a déjà eu une incidence sur la période d’utilisation possible des routes d'hiver. Certaines routes de glace n'ont pu être ouvertes l'an dernier.
Changements climatiques : quelle est la prochaine étape?
Il est probablement impossible d’inverser le réchauffement climatique. Cependant, le défi mondial actuel consiste à le stopper ou à le ralentir. Pour atteindre cet objectif, il faut en arriver à un consensus et à un engagement à l’échelle mondiale.
En attendant, les Canadiens devront s’adapter aux changements climatiques hivernaux. Espérons que nous finirons par prendre réellement au sérieux le problème du réchauffement et qu’ensemble, les pays du monde agiront enfin.
Phénomènes El Niño et La Niña : beaucoup de neige une année, très peu la suivante
Au Canada, la météo des différentes régions du pays est affectée par les phénomènes El Niño et La Niña. Les changements climatiques viennent influencer leur intensité. Les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine font en sorte que les événements El Niño et La Niña se produisent à une fréquence plus élevée. Ainsi, une région du Canada peut recevoir plus de neige une année, et très peu l’année suivante.
Voici une brève explication de ces deux phénomènes climatiques.
Normalement, les alizés au-dessus de l’océan Pacifique soufflent d’est en ouest, poussant les eaux de surface chaudes vers l’Indonésie et le Pacifique occidental. Ce processus crée une réserve d'eau chaude dans le Pacifique occidental et une réserve plus froide dans le Pacifique oriental, près de l'Amérique du Sud.
Dans le cas d'El Niño, les alizés s'affaiblissent, voire s'inversent, ce qui fait que les eaux de surface chaudes refluent vers l'est, en direction de l'Amérique du Sud. Le Pacifique oriental devient alors anormalement chaud, ce qui perturbe la distribution régulière des températures à travers l'océan. Les changements de température de l'océan pendant El Niño ont des effets considérables sur les conditions météorologiques mondiales.
Pendant La Niña, les alizés qui soufflent sur l'océan Pacifique deviennent plus forts que d'habitude. Ces vents poussent les eaux de surface chaudes vers le Pacifique occidental, provoquant un plus grand contraste de température entre les parties occidentale et orientale de l'océan. En conséquence, le Pacifique oriental, près de l'Amérique du Sud, devient plus froid que la normale.
Les effets d'El Niño
- Certains endroits habituellement secs peuvent connaître plus de pluie que d'habitude. Cela peut entraîner des inondations et de fortes précipitations dans certaines régions.
- À l'inverse, certains endroits qui reçoivent habituellement beaucoup de pluie peuvent connaître moins de précipitations et voir leurs terres devenir arides.
- El Niño peut également provoquer des conditions météorologiques extrêmes, comme de puissantes tempêtes, des vents violents et même des changements de température importants.
Alors qu'El Niño provoque des températures océaniques plus chaudes, La Niña se produit lorsque le Pacifique oriental devient plus froid que d'habitude. La Niña a ses propres impacts sur les conditions météorologiques, provoquant souvent des effets opposés à ceux d’El Niño. Cela peut entraîner des conditions plus sèches, des températures plus fraîches et une météo encore plus active dans certaines régions.
Les effets de La Niña
- Certaines zones, qui connaissent généralement beaucoup de pluie ou de neige, peuvent recevoir encore plus de précipitations, entraînant de fortes chutes de neige, des tempêtes de pluie intenses et parfois même des blizzards.
- D'un autre côté, certaines régions peuvent connaître des conditions plus sèches pendant La Niña. Cela signifie moins de pluie et plus de journées ensoleillées.
- La Niña peut également provoquer des changements de température, comme des hivers plus froids dans certaines régions, tandis que d'autres auront droit à des étés plus chauds que la normale.
En raison du changement climatique, nous pouvons nous attendre à des variations plus fréquentes, passant d'un fort El Niño à un fort La Niña l'année suivante.